Mohamed Mzali, champion de la médiocrité politique
Par Houcine Ghali
Du 02/02/2005, tunisnews.net
…Avec la dégradation de l’état psychique de Bourguiba, les manœuvres pour la succession dont duré des années avant l’événement de novembre 1987. Mohamed Mzali s’est livré à la lutte des clans mais, comme le précisait un de ses anciens compagnons, « il n’a pas su conserver les acquis de ses manœuvres et a été pris de court par ses adversaires. Il a cru pouvoir étendre son influence en faisant le vide autour du chef de l’Etat, et ce vide a été comblé par d’autres qui se sont ligués pour avoir sa peau »
…Premier ministre, Secrétaire général du Parti socialiste destourien (PSD) et ministre plus tard, Mzali s’est pris de vertige d’autant plus que l’article 57 de la Constitution le faisait successeur du président Bourguiba. Tous les moyens lui étaient bons pur maintenir son leadership. Il a commencé par couvrir les fraudes électorales des élections législatives du premier novembre 1981 durant lesquelles son parti, le PSD, unique formation politique au pouvoir, a raflé 94,60% des sièges. Ce qui a fait que l’Assemblée nationale est demeurée monocolore avec 136 sièges attribués au PSD puisque aucune des autres formations politiques n’a atteint le quorum de 5% pour être représentée au Parlement. Et c’est seulement en novembre 1986, c’est-à-dire cinq années après, au moment où il se trouvait entre Genève et Paris, éjecté du pouvoir de la plus vile des façons, déguisé en femme pour traverser la frontière tuniso-algérienne et regagner l’étranger, qu’il a reconnu sa responsabilité dans ces élections manipulées : « J’aurais dû démissionner en novembre 1981, après les élections truquées. Mon image de marque s’est effritée à partir de ce jour là ».
…Face à une situation économique catastrophique, il s’est chargé d’annoncer au peuple, le 29 décembre 1983, l’augmentation de 100% du prix du pain et des produits céréaliers qui étaient depuis fort longtemps subventionnés par l’Etat. Des émeutes populaires ont spontanément éclaté et la répression ordonnée par le gouvernement Mzali a été terrible avec plus de 900 blessés et près de 100 morts. Mieux encore, Bourguiba a désavoué son Premier ministre en annulant cette augmentation, mais Mzali n’en a crue. Il n’a même pas démissionné pour sauvegarder ce qui reste de son honneur et ne point torturer sa conscience !
…En réalité, Mzali s’est contenté de son statut de dauphin de Bourguiba inscrit dans l’article 57 de la Constitution, en essayant de manœuvrer pour ne pas se laisser piéger par les intrigues qui se tramaient aux palais de Carthage et de Skanès. Il a misé sur le Mouvement de la tendance islamiste (MIT), reconverti après en Ennahdha, pour consolider sa position et s’assurer la relève du « combattant suprême ». C’est dans cette optique qu’il a largement favorisé les islamistes en leur ouvrant les imprimeries officielles de l’Etat et en incitant les journaux « indépendants » à faire passer leurs messages et à exprimer leurs positions face aux problèmes qui agitaient le pays.
…Il exprima aussi son mépris aux revendications des formations politiques de l’opposition : « On dit que les chiens aboient et que la caravane passe. Moi, je dis qu’ils (les opposants) sont obligés de suivre la caravane. De toute façon, la voix des chiens est moins désagréable que celle des ânes ». Pertinente analyse émanant d’un agrégé de philosophie et d’un intellectuel qui a dirigé une revue qui porte bien son titre El Fikr (l’Esprit) !!
…Impulsif, excessif et usant de méthodes indécentes auxquelles il s’est habitué durant son long règne au pouvoir, Mzali a cherché à soudoyer Béchir Ben Yahmed, patron de l’hebdomadaire Jeune Afrique, pour défendre sa cause. En effet, après sa fuite du pays et son installation en Suisse où il se déplaçait en voiture diplomatique mise à sa disposition par les intimes, il écrivit de Divonne une lettre au directeur de Jeune Afrique le 13 septembre 1986 dans laquelle son aide, au nom de l’amitié et des droits de l’homme (sic) !!
Par l’intermédiaire d’un homme de contact, Mzali promettait à Béchir Ben Yahmed « un pose politique de très haut niveau », et à son journaliste François Saudan, « des encouragements moreaux et matériaux », lorsqu’il reprendra le pouvoir à Tunis.